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Du papier plein les yeux

Commençons ces rapides critiques par Le Diable en Gris de Graham Matheson, édité chez Bragelonne (comme la majorité des titres de cette review d'ailleurs...). C'est un intéressant mélange entre rites vaudous, guerre de Sécession et policier brutal. L'ambiance très poisseuse et riche en hémoglobine n'est pas sans rappeler l'excellent film Angel Heart de Alan Parker.

Dans ce style polar matinée de fantastique encore, on trouve chez le même éditeur Lettres Mortes qui nous présente un émule de la famille tronçonneuse n'hésitant pas à sortir d'un roman d'horreur pour exploser la face et les tripes de quelques lecteurs triés sur le volet. Le style de l'auteur, Shaun Huston est bien speed, les chapitres ne faisant pas plus de 3-4 pages. C'est pas super original mais il y a du suspense et ça se lit vite !

Vieux Démons de Simon R. Green se la joue aussi polar, mais plus dans la veine Mike hammer que de celle Inspecteur Harry. Le détective John Taylor enquête dans un Londres parallèle peuplé de monstres velues, poilues, et souvent très bourrus. Comme on y trouve pas mal d'idées intéressantes, ce premier tome annonce une série qu'il ferait bon de suivre. D'ailleurs du même écrivain il ne faut pas rater - toujours chez Bragelonne - La Nuit de la Lune Bleue, un roman de fantasy bourré jusqu'à la moelle d'affrontements violents avec des démons. En plus c'est drôle !

Dans un registre moins fantaisiste, je viens aussi de finir Zodiac, le bouquin à l'origine du nouveau film de David Fincher. Sous la forme d'une compilation de faits étalés sur plus de trentes ans, Robert Graysmith essaie de prouver de manière définitive l'identité du Zodiac, tueur en série qui a perprété pas mal de meutres entre 1969 et 1970. Bien que passionnant, le roman est cependant assez long.

Passons maintenant à Du Sang pour Manitou et Vampyrrhic deux grosses histoires de vampires loin du traitement classique et plutôt chiant de cette créature de la nuit.
Dans ces deux récits les vampires s'apparentent plus à ceux de Je Suis une Légende ou encore les infectés de 28 Jours Plus Tard (le très bon film de Danny Boyle) que ceux interprétés par Christopher Lee.
Le premier livre nous narre sous forme de survival le combat d'un médium et de quelques amis contre des morts-vivants assoiffés de sang, ce qui nous donne droit à des égorgements nombreux et généreux. C'est pas trop mal mais les allusions permanentes à la catastrophe du 11 Septembre (le récit se passe à New York) et à un patriotisme douteux gâchent un peu le plaisir.
Vampyrrhic quand à lui se déroule en Angleterre, et cette fois-ci les vampires ont retrouvé leurs pouvoirs de séduction. Malheureusement, le rythme du bouquin est assez mal dosé, on s'ennuie quelque peu avant le réglement de compte final bien craspec et gore.

En parlant de craspec et de gore, profitons-en pour sauter sur L'envouté le dernier livre de Sire Cédric, au demeurant un sympathique auteur avec lequel on a discuté à Epinal. Sans grande prétention, mais avec un sens de l'extrême assez joussif, Sire Cédric nous narre les aventures sexy et brutales d'une jeune goth à la recherche de l'âme d'un ange. Ca pisse le sang à tous les étages, et le sexe n'est pas en reste.
En lisant ce récit on ne peut s'empêcher de penser à Hellraiser pour le côté cuir et sm mais aussi à l'outrancier OAV Urotsukidoji pour le côté... bin euh... démons à trois braquemart.

La Couleur de la Faim est un des dernières récits de Johan Elliot (tout aussi disponible à Epinal). Un peu en deça de tout ce qu'il avait écrit jusque là, c'est tout de même une aventure prenante.

On peut probablement attribuer cette baisse de régime de l'auteur à son implication à 100% dans la traduction (sic !) avec son copain Xavier Maumesjean (lui aussi tout à fait charmant) de Bloodsilver' le roman de Wayne Barrow.
Histoires de vampires encore, mais transposées dans l'amérique de la conquète de l'Ouest. Basées sur une foultitude de faits réels qu'on n'ose pas y croire, les différentes nouvelles de cet excellent recueil nous permettent de suivre un convoi de vampire à travers les âges et les états, traversant l'amérique d'Est en Ouest à l'instar des colons.
L'intégration de la mythologie du vampire dans l'histoire américaine est une très belle réussite sans toutefois laisser les amateurs de bastons et d'éclaboussures vermeilles sur leur soif !

Beaucoup de gore, du gros érotisme, de l'histoire, cette fournée de bouquins était un vrai plaisir pour tous les sens.
Vivement la prochaine !