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Richard Harrison

Dans mes jeunes années de cinéphages fauchée, il m'est arrivé à plus d'une reprise d'acheter au rabais de vieilles VHS aux titres évocateurs. Le Mad avait encore une rubrique "flying jaquettes", et on trouvait facilement des magasins de type "Cash Converters" dans lesquels le prix moyens des films pourraves avoisinnait le franc symbolique.

Le plus dur restait alors a faire : rester éveillée...

Heureusement, dans la plupart des films pourris, on trouve toujours une scène si pourrie, si drôle, si inattendue, qu'elle justifie à elle seule 1h15 d'ennui profond. Et puis pour un franc, on chipote pas.

Après avoir redécouvert quelques bijous sans conséquences (des films de zombies ou de cannibales, des sérials killers, boarf, rien de bien méchant...), et pensant avoir fait le tour du sujet, je commençais à me dire que ce serais sans doute mieux d'économiser mes francs pour m'offrir des vrais films, Tarkovsky, Pasolini voire même du Peter Greenaway, ceux qu'on nous conseillait en cours.
Bref, j'allais mal.

Et puis une connaissance, un peu honteuse quand même, me fait discrètement passer une VHS sous les bancs de la fac. Dessus, rien qu'un post-it glissé sous le plastique de la jaquette : "Black Ninja".
Une grande histoire d'amour venait de prendre racines. Mais je ne devais plus jamais revoir le type qui m'avait refilé la K7.

Avec "Black Ninja", je découvrais tout un monde de possibilités nouvelles et abberantes. D'accord, il y avait des ninjas, et c'était déjà assez incroyable de penser que l'on puisse faire pire que Michael Dudikoff.
Mais ces ninjas là étaient différents. Ils étaient... composites.
Il y avait (trop) visiblement deux films montés en parralèle, un avec des asiatiques, un avec des occidentaux, dont un black, d'où le titre.
Les ninjas changeaint de costume en un éclair, avec des petits mouvement rapides des doigts, et ce qui semblait être le personnage principale répondait au téléphone. Le téléphone était en forme de Garfield.
Je décidais donc d'enquêter.

Je découvrais ainsi avec beaucoup de curiosité malsaine, le monde méconnu de Godfrey Ho, réalisateur de Hong-Kong capable de faire 6 films avec le budget d'un seul.
Pour satisfaire aux besoins de l'exportation, Ho contractait des acteurs occidentaux pour la durée d'un metrage, puis grâce à un jeu subtil de "copier-coller", mêlait des prises de plusieurs films pour en reconstituer un nombre encore assez mal défini.

Black Ninja fait donc partie d'un corpus assez mal défini de films réalisées par Godfrey Ho avec Richard Harrison au générique. Comme Godfrey Ho travaillait sous plus d'une dizaine de pseudonymes, il était plus facile de chercher les films de Richard Harrison.

Dans un prochain article, je vous raconterais l'histoire simple et attachante de Richard Harrison, beau gosse quoique assez inexpressif, et de son étonnante carrière qui le mena des peplums italiens aux films de ninjas, en passant par l'espionnage, le polar, le westerns spaghetti et même le film de superhéros.

Richard, mon héros.

17/09/07 julie