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Tron l'héritage

C'est après une certaine période d'absence liée à des raisons diverses, variées et multiples que je reprends ma plume pour parler de Tron Legacy - l'héritage, chez nous - qui vient de sortir sur nos écrans.

Tout comme pour Predators, Tron Legacy est pour moi une énorme déception.

Il n'a pas de rythme, il est extrêmement long, l'histoire est moyennement intéressante, et surtout, je le trouve visuellement totalement raté, genre Jurassic Park sans les dinosaures.

Le grand intérêt de Tron premier du nom, chef d'oeuvre plus que jamais indétronable - notez le jeu de mot... - est sa capacité à nous tuer les rétines. Les formes rectilignes, la propreté et sobriété des décors, les bandes de lumières sur les costumes, tout colle à la perfection à cette représentation du monde informatique. En plus l'histoire est excellente.

Dans Tron Legacy, la seule chose qui a été retenu de son illustre prédécesseur, ce sont les bandes de lumières sur les costumes... Tout le reste est juste inconsistant au regard de Tron, et aussi d'un scénario qui place la suppression des imperfections comme quête principale du grand méchant.

Déjà, dès l'entrée dans le monde de Tron, le premier plan sur le machin en forme de M (on va l'appeler comme ça au risque de faire mal aux puristes), un travelling vers le bas fait apparaitre que ces engins fonctionnent avec des réacteurs et rejettent donc de la fumée et remuent de la poussière.

De la fumée ? De la poussière ? Dans un monde informatique ?

Bref... ce ne serait pas la fin du monde si le réalisateur n'insistait pas lourdement sur tous ces éléments qui n'ont rien d'informatique, si je puis dire. Routes caillouteuses, nuages à foison, liquides à n'en plus boire, s'il n'était réhaussé de bandes de lumières, le monde de Tron ne serait pas différent d'une banale ville un jour d'éclipse. Avec des bandes fluos collées un peu partout. Et puis des costumes serrés.

En fait il semblerait que tout a été fait pour que le spectateur n'est jamais l'impression de se retrouver plongé dans le monde de l'ordinateur : les véhicules ne se meuvent pas par eux-mêmes (ni les vaches...) mais par des propulseurs, les motos font des dérapages et laissent des traces de pneus, tous les éléments respectent les règles de physique de notre bonne vieille terre.
Peut-être que les réalisateurs de Tron Legacy se sont dit qu'avec l'évolution de l'informatique on ne pouvait plus présenter le monde sous forme de carrés empilés ?
Certes, c'est une intention louable, mais de là à dénigrer tout l'intérêt d'un monde qui serait dans un ordinateur, je ne comprends pas...
J'ai cherché pendant tout le film où étaient les effets spéciaux en espérant que reconnaitre un plan numérique allait me faire enfin plonger dans cet univers - tout l'inverse de ma démarche traditionnelle de spectateur - et jamais je n'ai eu le sentiment de me trouver sur la grille avec des potes programmes et de joyeux bits virevoltants - d'ailleurs ces derniers sont absents du films, comme tout ce qui peut rappeler l'informatique d'ailleurs.

Cette immersion est d'autant moins perçue que le relief est totalement sous-exploité dans ce film. Aucune impression de profondeur, deux-trois fois on a droit à un rideau numérique au premier plan et des personnages derrières, et puis on se prend un grappin dans la tronche. Et d'ailleurs, chose amusante, les scènes uniquement filmés en 2D n'ont pas moins de relief que celles en 3D.
Tout est en définitif plat, si ce n'est les costumes féminins très moulants qui gagnent en forme ce que ces personnages insipides perdent en... profondeur.

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On peut aussi noter que la musique de Daft Punk est très sympa ; elle aide grandement à supporter la vision de ce ratage. Enfin, le clone rajeuni de Flynn est super bien fait, et...

... et bien c'est tout.