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Superman Returns

En bon geek qui se respecte, je suis allée voir le Superman de Brian Singer hier soir, au beau milieu d'une salle un peu vide mais bon public, calendrier, canicule et ouverture nocturne de la piscine découverte locale oblige.

Le film commence bien, superbien.
Le générique est un hommage au premier Superman, avec en fond sonore le thème de John Williams qui sera repris comme un leitmotiv tout au long du film. Les fans sont supercontents, et de jolies surprises les attendent encore. Pour les bons côtés, je développe pas sinon ça va spoiler.

La photo est splendide, les acteurs tous bien choisis Brandon Routh, en particulier, est parfait dans le rôle titre : menton volontaire et immuable mèche, sans compter un grain de peau d'une finesse admirable, superbeau, quoi. Je voyais personnellement Lois Lane un peu plus agée, mais Kate Bosworth ressemble finalement beaucoup à la Lois de Dave Fleischer dans sa version animée de 1941.
Le méchant est superméchant, KevinSpacey est superlourd, mais ça colle superbien au perso de Lex Luthor et les motivations de supervilain de celui-ci correspondent bien à l'idée qu'on se fait du personnage, si on oublie le Lex trop humain de Smallville.

Mouais.
Le problème c'est que tout ça sent tellement la bonne copie que l'ensemble en serait presque un peu fade.

D'accord, le film ne manque pas de très bons moments, mais tout y est si lisse et bien produit que cela laisse finalement très peu de place à la subjectivité du spectateur.
Niveau implication émotionnelle, c'en est presque désolant.
On est loin cependant des ambiguités de Smallville ou du second degré de Lois et Clark et, quand ambiguités il y a, elles sont assez péniblement amenées.
On a même un peu de mal à ressentir de l'empathie pour les personnages, et au bout du compte, aucun n'a vraiment la fin qu'il mérite (si je voulais vraiment être méchante, je dirais que ça sent un peu la fin d'épisode de "Plus Belle la Vie", avec des ouvertures a plus savoir quoi en fiche et des plots à deux balles pour une tripotée d'épisodes...).

(on me demande toutefois de préciser que la branlée que Lex met à Superman dans la deuxième moitié du métrage est assez réussie de ce point de vue)

Heureusement, le visuel rattrape le reste. On est très proche du Superman très christique d'Alex Ross, et alors que ça aurait très bien pû être lourdingue, c'est finalement l'une des grandes réussites du film : cet aspect messianique du personnage est parfaitement assumé et jamais déplacé, ce qui évite de tomber dans des travers prosélytes.
Pour bien remettre les choses à leur place, il faut rappeler que Superman reste un personnage très 40s, et le film fait finalement beaucoup référence au Superman animé de Fleischer.
On notera également un joli clin d'oeil à la première apparition de Superman dans "Action Comics" n°38 (cf. la pose où Superman soulève une voiture) qui rend un bel hommage à Joe Schuster et Jerry Siegel.

Bref, plein de clins d'oeils pour les fans hardcore, mais un ensemble probablement un peu trop naif pour contenter tous les autres.

13/07/06 julie